Qui n’a jamais entendu parler de la fabuleuse aventure de Château Musar, dont Serge Hochar, en succédant à son père Gaston, fondateur, a été l’ambassadeur en France dés les années 80, avec à son coté son frère Ronald?
C’est Michael Brodadbent MW qui, en le comparant aux vins de Pomerol lors de la foire de Bristol en 1979, a révélé ce cru remarquable, lui ouvrant ainsi les portes du marché mondial.
Le mois de septembre j’ai eu le plaisir et la chance de participer à une dégustation mythique de ces vins chez Philippe Faure-Brac, en présence de Ronald, Gaston et Ralph.
Château Musar: une histoire franco-libanese
Au Liban la tradition de la vigne remonte à 6000 ans. Environ 4500 ans avant JC les phéniciens, lointains ancêtres des Libanais, voguaient déjà jusqu’à Cadix – e probablement au-delà – dans de solides bateaux à la coque de cèdre afin d’aller vendre leurs vins. L’alphabet qu’ils ont inventé a permis de trouver la traces de leurs diverses transactions.
D’origine française, la famille Hochar, est arrivée au Liban au 12ème siècle, avec les preux chevaliers…
En 1930, à l’âge de 20 ans, Gaston Hochar fonde Château Musar, s’appuyant sur une tradition historique six fois millénaire et sur l’expérience conférée par ses voyages à Bordeux. La noblesse de ses vins fait forte impression sur les officiers de l’armée basée au Liban à la suite du protectorat français des anneés 1920.
Ainsi, le Major Ronald Barton – du Château Langoa-Barton – en poste au Liban durant la seconde guerre mondiale, devient un ami proche et resserre les liens entre Château Musar et Bordeaux qui perdurent aujourd’hui.
Serge Hochar, fils ainé de Gaston, formée pour être ingénieur des travaux publics, décide, avec les encouragements de son père, d’étudier l’enologie et devient un élève d’Émile Peynaud à l’institut d’Œnologie de Bordeaux.
Diplôme en poche, il rentra au Liban et déclare à son père: “Je veux faire le vin à ma manière, je veux su’il soit mondialement connu et… je veux que tu prennes ta retraite!’ et il devient l’œnologue de Château Musar en 1959.
Serge passe 18 années à peaufiner le vin rouge de Château Musar et, en 1984, le magazine Decanter le distingue: il est élu “Homme de l’Année” 1984 pour la première édition de ce titre, en récompense de la superbe et constante qualité de sa production malgré le année de guerre civile au Liban (1975-1990).
Ronald aussi, le cadet, est encouragé tout comme son frère à participer à la vie de Musar dès son plus jeune âge. ” Mon père m’a tout appris des arcanes du monde des affaires”… En 1962, il prend en charge les secteurs finances et marketing. Doté d’un sens de l’humeur à toute éprouve, “mon frère s’occupe du liquide et moi des liquidités!’ il va réussir, contre vents et marées, à maintenir opérationnelle la flotte de camions transportant les raisins de la vallée de la Bekaa (où se trouve le vignoble) à Ghazir (où se trouvent les installations techniques) pendant toute la durée de la guerre. Un rôle essentiel, car dans un contexte aussi tourmenté, cela n’a pas été une mince affaire.
Gaston et Marc, les deux fils de Serge, on rejoint à leur tour Château Musar. Gaston gère les caves a Ghazir et Marc l’aspect commercial en Allemagne.
Tarek Sakr, œnologue diplômé de l’ENSAM de Monpellier, est arrivé au Château en 1991, où sous la tutelle de Serge Hochar a fait ses premier pas, après un stage au Château Lafitte Rothschild .
En 2014 Serge a brutalement disparu, Ronald, dans un souci de continuité, a repris les rênes en 2015 et il est devenu président de l’entreprise.
Le Liban, Le pays du Lait e du Miel
A l’extrémité orientale de la Méditerranée, bordé au nord et à l’est par la Syrie et au sud par la Palestine, le Liban se présente en zones parallèles avec la Méditerranée, de l’ouest à l’est, dans l’ordre: Mont Liban (avec des vignes plantées sur la face ouest qui domine la zone côtière), Vallée de la Bekaa (majeure partie du vignoble), chaine de l’Anti-Liban qui sépare le Pays du Cèdre de la Syrie.
Une localisation géographique idéale: le centre de la Vallée de la Bekaa (à 34 dégrées Nord de l’Equateur) se situe plus au Sud de n’importe quelle partie de l’Espagne ou de l’Italie; des conditions climatiques généralement favorables: hivers froids et étés chauds ont toujours contribué au bon essor de la vigne.
Les vignes de Château Musar sont plantées à des altitudes de 1000 à 1500 mt et sur des sols à la fois calcaires, graveleux et pierreux.
Avec un ensoleillement de 300 jours par an et une moyenne annuelle de température autour de 25 dégrés C, ces vignes d’altitude bénéficient à la fois des nuits fraîches et de divers phénomènes saisonniers (canicule en été, chutes de neige en hiver) en réussissant a prospérer dans cet environnement sans avoir besoin de recourir à plus d.interventions techniques qu’il n’en faut.
Usage ultra minimum de soufre et vins rouges non collés et non filtrés.
Les vins rouges de Château Musar réunissent les cépages Cabernet Sauvignon, Carignan et Cinsault du Rhône sud. Les rendements ne dépassent pas 30/35 hectos/ha et ils ne sont vendangés que à maturité optimale. Les grappes fermentent et reposent en cuves ciment pendant 6 mois avant de passer (ou non, variable selon les cuvées élaborées et les millésimes) plusieurs mois dans des barriques de chêne français, dont un pourcentage est remplacé chaque année.
L’assemblage final du millésime vieillit ensuite en bouteilles, selon les cuvées et les millésimes les vins rouges ne sont pas commercialisés avant leur septième année.
Les vins blancs réunissent les cépages autochtones libanais Obeïdeh et Merwah. Ce sont des cépages qui ont besoin de températures plus fraîches et leurs habitat c’est le versant du Mont Liban, à 1200 mt d’altitude. Vendanges manuelles entre août et octobre, très tôt le matin, pour garder la fraîcheur jusqu’à leur arrivé a Ghazir. Fermentation avec levures indigènes en barrique de chêne française et élevage pendant 6 mois. Mise en bouteille après la première année selon les cuvées. Commercialisation après sept ans.
“Plus vous donnerez du temps à mes vins, plus ils vous donneront de joie” (Serge Hochar)
Château Musar a été le premier producteur libanais a obtenir une certification bio pour ses vignobles en 2006.
“Lorsque vous êtes un producteur de vin vous avez la chance de travailler avec una matière vivante et vous ne devriez jamais la tuer” (Serge Hochar)
Château Musar Blanc 2009
Produit avec 2/3 de Obeïdeh et 1/3 de Merwah, des cépages indigènes anciens dits parents avec le Chasselas, le Chardonnay et le Sémillon. Le vignoble de l’Obeïdeh est planté sur le sol caillouteux et crayeux du pied de la chaîne de l’Antiliban à l’est, tandis que celui du Merwah est planté sur des gravier calcaires du versant ouest (tourné vers la mer) du Mont Liban et qui domine la plaine côtière (zone plus a l’ouest du Liban)
Rendement très faible 10 à 20 hl/ha pour ces vignes franches de pied situées à environ 1200 mt d’altitude.
Fermentation 3 à 4 semaines en fût de chêne français de la forêt de Nevers, puis les vins restent 6 mois en cuve avant l’assemblage et la mise en bouteille avant la fin de la première année. Commercialisation 7 ans après la récolte.
La couleur de ce millésime est jaune paille, on dirait doré, au nez on a du miel, des fruits tropicaux mûres tels que ananas et banane, et des notes de beurre. En bouche c’est un vin gras, on y retrouve des fruit jaunes très mûrs , coing et apricot avec de l’ananas en finale. On peut y retrouver aussi des fruits secs e de l’amande avec quelques notes de bois. C’est un millésime que j’ai beaucoup aimé, très riche et avec un équilibre parfait entre le corp et l’acidité.
Château Musar Rosé 2016
Ce vin tranquille, légérement boisé, à l’image des Champagnes rosés d’assemblage, est vinifié seulement les années où l’assemblage des raisins assure son élégance.
Produit avec du Cinsault ansi que de l’Obeïdeh et du Marweh, pour l’Obeïdeh il s’agit de vignes plantées entre le 1920 et le 1947. Rendement très faible (10 à 20 ht/ha), altitude 1400 mt. Fermentation et élevage de 6 à 9 mois en fûts de chêne français de la forêt de Nevers, mise en bouteille un an après la récolte et vieillissement en bouteille.
Couleur rose avec des notes saumon sauvage, au nez j’ai retrouvé des fleurs d’oranger, de la pomme, des arômes d’herbes avec un petit coté beurré, mais aussi de la fraise, du the, du caramel et un petit coté noisette. En bouche on y retrouve le nez, avec un équilibre parfait de ce bouquet avec une très belle fraîcheur.
Château Musar Rouge 2011
Produit avec du Cabernet Sauvignon, du Carignan et du Cinsault c’est la quintessence du vin de la Méditerranée. Le vignoble se trouve près des village de Aana et de Kefraya, dans la partie West de la Vallée de la Bekaa, avec des sols graveleux sur calcaire. Rendements faibles pour ces vignes âgées de 40 ans et +, entre 15 et 35 ht/ha.
Fermentation lente par cépage, en cuve béton, à une temperature inférieure à 30 dégrées, puis élevage pendant 1 an en fûts de chêne français. Les vins sont assemblés 2 ans après la récolte et passent à nouveau 1 an en cuve béton avant leur mise en bouteille. Château Musar Rouge est élevé 4 ans en bouteilles dans de profondes caves de pierre et il est mis en marché 7 ans après la récolte.
D’une couleur rouge écarlate profonde, on y retrouve un nez intense et complexe de fruits noirs et rouges épicés, de cèdre, de cerise, de café de cuir et de clous de girofle. En bouche on y retrouve des fruits rouges et noirs, de la figue, de la datte combinés avec des pains d’épices avec une finesse considerable et une finale longue et prometteuse. Tannins bien intégrés et bonne acidité.