L’Institut du Monde Arabe et la Maison Européenne de la Photographie présentent actuellement la Première Biennale des Photographes du Monde Arabe Contemporain à Paris, du 11 novembre 2015 au 17 janvier 2016.
L’idée première de ce projet aura été pour Gabriel Bauret et Géraldine Bloch, commissaires d’expositions, d’inviter des photographe (arabes et non arabes) autour de la Méditerranée, pour obtenir différents points de vue.
Parmi les 50 photographes qui se sont exprimés à travers cette Biennale, 2 regards ont retenu mon attention, celui de Joe Kesrouani – Libanais photographiant Beyrouth – et de Stéphane Couturier – Français photographiant Alger :


Joe Kesrouani a d’abord suivi des études d’architecte à Paris, d’où son goût prononcé pour les paysages urbains dans ses différents travaux. Sa représentation de Beyrouth au fil des année (1989 – 2015) est celle d’une ville qui suffoque, chaque jour un peu plus. Un phénomène qui ne s’arrête pas, une ville qui s’empile désormais à la verticale comme en Amérique du Sud, mais avec des ruelles étroites héritées d’un cadastre millénaire. Joe Kesrouani est à la recherche désespérée d’un ordre, d’un axe, d’une structure parmi tous ces graviers blancs sur un sol noir…mais il ne le trouve pas, il ne pourra pas le trouver, sans doute se trompe-t-il de quête :



Stéphane Couturier a également développé au cours de sa carrière photographique l’archéologie urbaine (chantiers, industries, etc.) comme thème de prédilection. Ses travaux l’ont ainsi mené dans la Cité “Climat de France” à Alger, sur les pas de l’architecte français Fernand Pouillon (1912-1986). On découvre à travers ses photos une Cité dont les murs auraient été figés dans le temps, il y a 50 ans. Construite au moment de l’Indépendance de l’Algérie pour accueillir 30.000 habitants, elle en compte aujourd’hui plus du double. Mais paradoxalement c’est une impression d’immobilisme qui se dégage de ce lieu désuet, doucement usé par la patine du temps :



Mais en comparant ces 2 travaux, très différents en apparence car traitant de 2 villes opposées autour de la Méditerranée – Beyrouth en ebullition perpétuelle, Alger figée dans son passé – un point commun m’est cependant apparu comme une évidence…la Mer a disparu !


La ville et ses habitants ne sont plus tournés vers elle, un mur de béton les séparent, il n’y a plus d’horizon. Pourquoi les gens se sont-ils mis à vivre dos à la mer ? est-elle source d’opportunités ou de menaces ? Ils ne savent plus très bien, leur chère Méditerranée, ils l’ont tout simplement oubliée…
Infos pratiques (Paris) : Retrouvez jusqu’au 17 janvier les photos de Beyrouth de Joe Kesrouani à l’Institut du Monde Arabe, et les photos d’Alger de Stéphane Couturier à la Maison Européenne de la Photographie.