La Sardaigne, la deuxième plus grande île de la Méditerranée, possède une histoire géologique parmi les plus anciennes d’Italie. Autrefois partie intégrante d’une chaîne de montagnes antérieure à la formation des Alpes et des Apennins, il y a environ 150 000 ans, elle était encore connectée au continent italien. Aujourd’hui, située à 112 milles marins de la côte italienne, elle arbore le littoral le plus vaste du pays (506 milles), mais ses habitants demeurent en grande partie bergers, bûcherons et agriculteurs. Cet environnement accidenté et isolé, propice à la culture des vignes autochtones, crée un paysage rude mais idéal.
En plein cœur de la Sardaigne, à l’extrémité d’une ancienne voie ferrée, entre les villages de Barbagia et Campidano, se nichent les vignobles âgés de 40 à 100 ans des Garagistes de Sorgono. C’est ici que Pierto Uras, Simone Murru et Renzo Manca élaborent de petites séries de vins d’exception à partir de vignes enracinées dans des sols de granit blanc et rose. Depuis cinq générations, ces terres sont travaillées à la main, et les vignes, certaines centenaires, prospèrent toujours. Leur mission : perpétuer la tradition viticole locale et cultiver leurs propres vignobles à la main, en adoptant des pratiques biologiques. Les rendements sont minimes, mais les variétés locales de Cannonau, Monica et Muristeddu s’épanouissent sur les collines parsemées de nombreux vignobles. Sur 9 hectares d’un terrain accidenté situé entre 480 et 700 mètres d’altitude, avec des sols de granit blanc et rose, la culture se fond dans l’environnement, entièrement manuelle, avec l’aide occasionnelle de bœufs. La récolte a lieu en octobre, suivie d’une pression manuelle des raisins à l’aide de vieux pressoirs en bois. La vinification se déroule dans un esprit d’intervention minimale, à l’image de leurs aïeuls. Le projet artisanal I Garagisti est à l’origine de seulement 24 000 bouteilles. (Artisanal Cellars )
I Garagisti di Sorgono (les Garagistes de Sorgono) établissent leur demeure dans la région montagneuse de Mandrolisai, au cœur géographique de la Sardaigne. Ils sont spécialisés dans les vins issus de vieilles vignes, puissants et produits à partir des cépages rouges emblématiques de la région : Cannonau, Muristeddu et Monica. Les vignes ont plus de quatre-vingts ans et sont plantées selon la méthode traditionnelle alberello (vigne non palissée, en buisson). Le sol, extrêmement austère et riche en granit rose, se marie parfaitement aux vins de qualité supérieure de la Sardaigne. « I Garagisti » jouit d’une reconnaissance notable, avec l’inclusion du « Uras » parmi les 100 meilleurs vins d’Italie, décernée lors du Merano Wine Festival. (Indipendent Wine)
En réponse aux vins de garage nés sur la rive droite de Bordeaux, I Garagisti di Sorgono incarne la réponse sarde à ce mouvement. Dans les années 80, certains des meilleurs viticulteurs de Saint-Émilion ont bravé les règles strictes de l’appellation pour élaborer des vins rouges corsés et incroyablement mûrs en petites quantités.
La viticulture à Madrolisai
Commençons par dire que la viticulture, à Mandrolisai, n’est pas une activité récente ni née de mode. Les vignobles que les Garagisti di Sorgono – Pietro Uras, Simone Murru et Renzo Manca cultivent encore aujourd’hui – sont des vignobles qui atteignent même 60 à 80 ans. On les trouve dans les meilleures collines de Burdaga, Figu, Pischina, Pardu et Cresia et prospèrent à une altitude d’environ 550 mètres.
Avant eux, leurs pères et grands-pères les ont cultivés, dont les trois partenaires chérissaient les enseignements, tout en introduisant d’importantes innovations. Pietro me raconte : « Ici à Sorgono, la vigne est depuis très longtemps un patrimoine agricole. Nous sommes sur un territoire très morcelé, dont les vignes occupent environ 20 %. Ensuite, il y a les pâturages, les potagers, les bois… La nature nous entoure partout. Nos pères et grands-pères étaient très bons dans le vignoble, tant pour le soin apporté au sol – principalement de granit rose et blanc, et dans certaines zones également d’argile – que pour la partie arboricole. Nous avons hérité d’eux une grande partie de ce que nous faisons, en essayant d’introduire des améliorations dans la cave, notamment en termes de sélection des raisins et en travaillant en même temps pour faire connaître le nom de Mandrolisai même au-delà des frontières régionales».
Vivre le Mandrolisai
Pietro a longtemps travaillé à Parme comme chef d’entreprise, mais par amour pour Mandrolisai, il est rentré chez lui, où il enseigne l’agriculture. I Garagisti n’est pas encore sa seule activité, pas plus que celle de Simone et Renzo. Leur rêve commun est de donner du prestige à un nom et à un territoire, et de vivre de Mandrolisai. Lentement et avec ténacité, ce rêve prend des contours toujours plus précis.
«Le vin, ici, était élaboré davantage pour la consommation familiale ou, grâce aussi à l’expérience fondamentale de la cave sociale, limitant les échanges aux frontières régionales. Nous avons choisi d’élargir notre regard, de faire connaître ce territoire en misant sur sa beauté immaculée et sur la qualité du produit. I Garagisti di Sorgono est une idée qui a pris forme en 2015 et depuis 2018, nous avons commencé à commercialiser nos produits. Nous sommes tous nés dans la vigne, mais les vignes où nous sommes nés ne nous ont pas nourris. Notre projet est de les rentabiliser, d’en faire notre métier à toutes fins utiles».
Un élément important, pour faire ressortir un territoire encore peu connu, est donné par la manière dont il est communiqué et raconté. Pour ce faire, les trois amis ont littéralement mis leur visage.
« Notre ambition, en communiquant nos vins, était de créer un fil conducteur entre la vigne, les raisins, le vin et les vignerons, c’est-à-dire notre travail. Quand nous racontons ce que nous faisons, nous partons du territoire, des vignes, et nous mettons notre visage sur nos vins. Aujourd’hui, grâce à notre engagement, le marché de nos produits représente 60% à l’étranger, 10% en Sardaigne et 30% dans le reste de l’Italie. Signe que, bien racontés, ces vins ont un potentiel incroyable, et qu’il est impossible de ne pas tomber amoureux d’eux, tout comme il est impossible de ne pas tomber amoureux de ce territoire qui est fantastique et qui vous donne l’opportunité découvrir une autre Sardaigne, au-delà de ses notes plus que sont Vermentino et Cannonau».
Mandrolisai ressemble à un endroit d’un autre monde, mais il est pleinement de ce monde si l’on considère le changement climatique, un phénomène qui, évidemment, n’a pas épargné même le centre géographique de la Sardaigne. Pietro n’a aucune difficulté à décrire leurs raisons d’inquiétude : « Jusqu’en 2016, les vendanges se faisaient toujours entre octobre et novembre. Mais ce à quoi nous assistons aujourd’hui, ce sont des changements climatiques de plus en plus marqués, et de plus en plus évidents à court terme. Depuis 2017, nous avons récolté quatre fois en septembre».
Le défi de la sécheresse
« De manière générale, les vignes âgées de 60 à 80 ans, plus enracinées, sont moins préoccupantes. Pour les jeunes vignes, en revanche, le problème est plus grave et plus constant, car elles sont plus sensibles à la sécheresse. Même si jusqu’à présent nous n’avons jamais eu recours à l’irrigation, si la tendance continue dans cette direction, je crains que nous devions le faire à l’avenir » (Slowinefair, article de Silvia Ceriani)
Le Garage Rosso
Un joli assemblage de Monica, Cannonau, Muristeddu, un concentré de fruits et de plaisir, la robe rouge granit clair, au nez un bouquet de fruits rouges est en bouche une explosion de cerises tout en gardant une très belle fraîcheur. Parfait en apéritif avec de l’excellente charcuterie italienne (vous pouvez vous refournir chez Piazza Salumi sur le Boulevard Saint Laurent à Montreal.
Représenté par l’agence Vinicolor Les vins de Alexandre Saint-Pierre.
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