J’ai grandi à Vérone, mais je ne m’étais jamais réellement aventurée au-delà de ses murs, à se demander si je n’entretenais pas une forme de résistance à sortir de cet environnement, qui pourtant acquis, m’était devenu désormais familier.
J’avoue toutefois qu’il m’arrivait d’aller souvent dans le « Valpolicella Classica » tantôt pour rendre visite à des amis, tantôt pour une promenade.
Il y a un peu plus de quatre ans, je me retrouvai, après quelques années de pérégrinations en France, parachutée, comme qui dirait, à Soave.
J’ai commencé en février et j’ai découvert cette « purée de pois », qui, de février à mars, peut, le matin, s’abattre sur la Tangentielle entre Vérone-Centre et Vérone-Est, ou encore sur l’autoroute entre Vérone et Soave. Ce même brouillard qui parfois s’estompe après Soave pour réapparaitre entre Padoue et Venise.
J’ai alors découvert les trésors que renferment ces belles collines, j’ai découvert et appris à apprécier le « Garganega », ce raisin caractéristique de ce terroir, sous toutes ses déclinaisons ainsi qu’à reconnaitre le cépage du Soave et son cadre tant convoité.
J’ai beau souvent m’échapper sur les rives de la Méditerranée, il n’en demeure pas moins que mon cœur reste à Soave, de même quand, à Paris, je me trouve chez un caviste, mon regard cherche toujours sur les étals, cette appellation si courte, à la prononciation facile, claire et « soave »… (« douce » en italien)
Les collines viticoles du Soave : un patrimoine historique rural.
Lors du Salon Vinitaly 2016, j’ai appris que l’AOC Soave est devenue la 1ere appellation en Italie reconnue par l’Observatoire national du Paysage rural, des pratiques agricoles et des connaissances traditionnelles. Une autre vision des choses qui place l’homme en principal artisan du maintien de la biodiversité et de la conservation du paysage.
« Après avoir analysé 123 zones de production agroalimentaire italiennes et après avoir étudié 35 candidatures, l’observatoire national du Paysage rural […] a retenu l’appellation véronaise « colline vitate del Soave » la faisant ainsi entrer tout comme le Conegliano Valdobbiadene (Trevise) et le Parc du paysage des Apennins-Moscheta- au registre des paysages nationaux considérés comme Patrimoine historique rural » peut-on lire dans le communiqué dans lequel Aldo Lorenzoni, Président du Syndicat, se félicite : « c’est une grande victoire pour l’appellation Soave que soit reconnu comme tel à l’échelle nationale son domaine viticole. ». Le Syndicat , avec la collaboration de Viviana Ferraio, doctorante à l’Université de Venise, a joué un rôle indéniable depuis 2006 – date de parution de l’ouvrage « un Paesaggio Soave »- dans la réflexion sur le Paysage historique et sa Protection menée au niveau national. Cette reconnaissance, en plus d’insister sur l’importance de l’environnement et des traditions, nous amène à une nouvelle approche, en particulier de la part du Législateur, afin de redéfinir les modalités de soutien à la viticulture en milieu extrême.
Un de nos souhaits serait que dans un futur proche, les viticulteurs des collines reçoivent des financements relatifs à la spécificité des ces territoires. »
Soave et l’Institute of Masters of Wine : concours et terre volcanique
La quête de l’Appellation ne s’arrête pas là. En effet il y a quelques mois Giovanni Ponchia, œnologue auprès du Syndicat de Soave, me faisait part de sa joie d’intervenir lors d’un séminaire au prestigieux Institute of Masters of Wine de Londres. Le thème : les vins volcaniques, sujet cher au Syndicat du Soave.
C’est ainsi qu’est née l’idée de lancer un concours en partenariat avec le Masters of Wine Institute, remporté lors de sa 1ere édition par l’Ecossaise Jane Nisbet Hurby, domiciliée en Norvège et étudiante au prestigieux Institut londonien. L’objet de ce concours : un court essai sur le sol volcanique comme principal levier de marketing pour le Soave et autres vins italiens volcaniques.
Jane Nisbet Hurby , s’est distinguée grâce à son mémoire intitulé “volcanic wines , a new notion of terroir : explain how a cross –territorial marketing and communication can be used as an opportunity for Soave and italian volcanic wines”. Elle a su démontrer l’importance du « phénomène volcanique » pour les zones de production concernées dans leurs stratégies de promotion.
« Ce concours, souligne Jane Nisbet Hurby, est une excellente initiative du Syndicat du Soave et le Masters of Wine Institute. Je suis ravie et honorée que mon essai l’ait remporté et j’espère que ma contribution pourra faire avancer les choses sur le plan du marketing et la place qu’occupent les vins issus des sols volcaniques.» « Nous avons été heureux de collaborer avec le Syndicat du Soave, ajoute Olly Chapman – chargé de la programmation et du développement de L’Institute of Masters of Wine – Offrir aux étudiants de l’Institut l’opportunité de travailler avec de telles organisations, renforce leur apprentissage dans le cadre de leur programme d’études. »
« C’est un travail que nous voulons développer » explique Aldo Lorenzoni, Directeur du Syndicat du Soave –en particulier à l’étranger- Nous avons reçu de nombreux ouvrages regorgeant d’idées et de commentaires originaux et pertinents que nous étudierons. De plus c’est toujours dans notre intérêt de comprendre comment les autres nous perçoivent, surtout s’il s’agit d’experts du vin qui vivent et travaillent à l’étranger. Tout ceci nous amène à nous améliorer et réfléchir à de nouvelles idées en matière de promotion en phase avec les marchés sur lesquels nous allons travailler. »
Bravo Aldo , mission accomplie ! A très bientôt !
Institute of Masters of Wine :
C’est une organisation à but non lucratif, synonyme d’excellence, de partage et d’apprentissage. Basé à Londres, il propose des cours et des examens sur 4 continents.
Après avoir réussi les examens, les Masters of Wine doivent respecter un code de déontologie, stipulant que les Lauréats doivent se conduire avec honnêteté et intégrité, et saisir chaque occasion pour partager avec les autres leurs connaissances sur le vin.
Actuellement on dénombre 342 Masters of Wine répartis dans 25 pays, parmi lesquels des œnologues, des marchands, des journalistes, des exploitants, des consultants, des universitaires, des formateurs. Aujourd’hui l’Institut compte 350 étudiants provenant de 35 pays.
Soave, rétrospection de 2015.
Un aspect de mon travail qui me plait tout particulièrement, c’est le cycle de la vigne et savez–vous pourquoi ? Parce que chaque année est différente de la précédente. Parce qu’il n’y a aucune constance, aucune règle fixe qui détermine a priori les caractéristiques du nectar que nous découvrirons dans notre verre.
Quelle année 2015 pour le Soave ?
Le Garganega est une variété très adaptable et extrêmement résistante aux conditions environnementales et il l’a prouvé au cours de ces deux dernières années, pourtant incomparables, qui l’ont contraint à un réel effort d’adaptation et de résistance.
La saison a connu un excellent démarrage de la phase végétative du Garganega ; le débourrement a débuté avec quelques jours d’avance et la floraison sur la première semaine de juin. Ajoutons à cela des températures toujours stationnaires alternant beau temps et pluies revigorantes.
Les choses ont pris une autre tournure en juillet et août, ces deux mois ayant systématiquement enregistré des températures au-dessus des normales de saison et des vagues de chaleur sans précédent ainsi qu’une absence de précipitations. Si d’un côté cette situation a révélé une excellente gestion des urgences sanitaires par des procédés inédits, d’un autre côté les fortes chaleurs ont ralenti l’activité de photosynthèse et de croissance du Garganega.
L’année 2015, au moment des vendanges, s’est ainsi caractérisée par la bonne santé des raisins, le bon équilibre du cycle végétatif de la vigne, une production satisfaisante, un bilan concernant la teneur en sucre et l’acidité des raisins comparable aux autres années, mais offrant davantage de qualité pour les autres composants.
Dans l’ensemble, l’année 2015 se présente de manière plus classique que les années 2014 et 2013 , caractérisées respectivement par des notes d’agrumes verts et une acidité assez prononcée, et une salinité et un corps vigoureux .
En fait on constate un bon équilibre des composantes acides, sucrées et gustatives, sans qu’aucune ne prenne le dessus.
En termes de saveur aromatique, on note des senteurs florales de sureau et celles fruitées de pêche et d’abricot.
Même au niveau de leurs corps et de leurs teneurs en alcool, les vins gardent une dynamique et une souplesse qui ne vont pas à l’encontre des standards plus traditionnels, et par conséquent on peut penser qu’ils sont plus enclins à être appréciés !
Merci a Anne Caroline Arviset pour la traduction parfaite !