Le 31 août prochain se clôturera à l’Institut du Monde Arabe (IMA) une exposition exceptionnelle dédiée à ce train mythique, connu sous le nom d’Orient Express. L’Orient Express était en faite la ligne commerciale de chemin de fer qui reliait Londres à Constantinople, ouverte en 1883 per l’industriel belge Georges Nagelmackers, fondateur de la Compagnie Internationale des Wagons-lits.
Rapidement, la ligne Simplon Orient Express va être reliée à la ligne Taurus Express située à l’Est du Bosphore, ce qui permettra aux Européens de rejoindre (presque) en train Jérusalem, Le Caire ou encore Baghdad. Impensable de nos jours, ces territoires sont tellement morcelés et en proie à une instabilité politique chronique qu’un tel projet nous ferait aujourd’hui tout au mieux sourire et rêver. Pourtant, l’Empire Ottoman était parvenu à l’époque, avec l’aide des techniques européennes, à relier l’ensemble des grandes capitales de son territoire, et ce pour quelques décennies…


Un autre aspect qui a contribué au mythe de l’Orient Express est le luxe développé à bord: cette ligne restait en effet un voyage d’exception réservé à une élite, qui avait à la fois du temps, de l’argent, mais aussi du goût, de la culture, de l’influence, mais aussi (et surtout?) beaucoup d’imagination. C’est en accompagnant son mari archéologue en Syrie qu’Agatha Christie mit en place la trame du Crime de l’Orient Express, qui se fonde sur deux faits-divers bien réels (notamment le train bloqué par la neige quelque part en Turquie). Au total, l’Orient Express aura inspiré plus de 30 romans de littérature et une dizaine de films cinématographiques.



Notre amour pour le Liban sur ce blog nous a porté tout naturellement à s’intéresser plus précisément à cette région traversée par l’Orient/Taurus Express. A la fin de l’exposition est proposé un court documentaire réalisé par Eric Darmon, qui est parvenu à retrouver et interviewer deux “vétérans” du rail libanais: Hrant der Manuelian (employé chez Thomas Cook à Alep) et Noubar Mangassarian (employé du chemin de fer libanais à Rayak), tous deux aujourd’hui presque centenaires. C’est un autre monde qu’ils nous racontent, celui qui rejoignait Beyrouth, Damas et Jérusalem avec une seule ligne de rails. Le train a définitivement disparu au Liban dans les années 70. Il ne subsiste aujourd’hui que quelques friches industrielles que certaines organisations et ONG s’évertuent de préserver pour entretenir l’espoir d’un retour possible du train, et donc de la paix: Train/Train Lebanon ONG (traintrainlebanon.org), Rayak Railway (rayakrailway.org).


Et pour conclure ce post, n’y avait-il pas plus beau symbole qu’Asmahan, cette chanteuse et actrice syro-libanaise, soeur du célèbre chanteur Farid El Atrache, qui vivait tout naturellement entre Damas, Beyrouth et le Caire, un verre de champagne à la main, à bord de ce train de légende?