Un Touareg du Sahara de passage à Vérone, Italie

Auteur: @Charliban

Ce 10 juillet avait lieu une vente de bijoux Touareg à la Villa Verità, superbe demeure agricole à proximité de Negrar dans la vallée de la Valpolicella: www.villa-verita.it.

Sa propriétaire, Ginevra Serego Alighieri, nous a accueilli dans sa Cour Intérieure peu après 19h00, pour nous présenter le travail artisanal d’une population touareg habitant au nord du Niger, à proximité d’Agadez:

Abou Bacar était le représentant d’un soir de cette tribu du Niger. Grâce à des contacts noués avec l’association Transafrica de Florence, il a pu étendre son tour de l’Europe en Italie, après une première tournée réussite en France (Paris, Bretagne, Grenoble). En effet depuis le retour de l’instabilité politique et religieuse ces derniers mois sur tout le pourtour saharien (Malie, Niger, Lybie, Algérie), les touristes sont devenus rares dans cette région et les tribus touareg ne peuvent plus compter sur cette manne locale. Abou Acar est l’un des premiers à avoir compris que si les touristes ne venaient plus à eux, alors c’était à lui d’aller à leur rencontre. En ce sens il renoue un peu avec l’esprit touareg originel, à savoir ce voyage perpétuel guidé par les opportunités, le commerce et l’échange.

Ancienne colonie française, l’une des langues officielles du Niger est le français et Abou Bacar a pu communiquer avec son auditoire à travers cette langue occidentale de transition. La proximité entre l’italien et le français, et le niveau d’éducation des personnes présentes aidant, le dialogue s’est facilement instauré autour de cette table de bijoux touareg:

– premiers objets à attirer mon attention, ces pendentifs en forme de croix, toutes différentes. Elles sont en réalité exactement 21, et représentent chacune une région du territoire touareg (pour en savoir plus ICI). La légende raconte qu’un simple homme du peuple tomba amoureux de la princesse de la ville. Ne pouvant lui déclarer sa flamme pour des raisons sociales évidentes, il décida de quitter la ville pour l’oublier. Cependant loin de la ville, il fit la connaissance d’un artisan, et à son contact, son désespoir sentimental se transforma en génie créatif. Il créa avec cette artisan un pendentif très original destiné à la princesse. Par la voie des serviteurs, il parvint même à lui faire parvenir. En recevant ce présent, la princesse tomba immédiatement amoureuse de l’inconnu qui avait pu créer un objet aussi beau, et devant la qualité du travail réalisé, son père accepta de donner la main de sa fille à qui avait imaginé ce pendentif. Ainsi fut créée la première croix touareg.

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– autres objets que j’ai trouvé particulièrement intéressants, ceux issus de l’échange constructif entre le peuple touareg et les touristes. Ainsi son nées au cours de ces dernières années, tout en respectant le travail traditionnel touareg: des coques pour briquet bic, des pics de table pour escargots, des marques pages ingénieux, etc. J’ose appeler cela la globalisation positive, avec d’un côté le maintien et le respect du travail artisanal local, et de l’autre une ouverture d’esprit et un échange pour comprendre les besoins et aspirations de ces nouveaux marchés et débouchés.

La vente fut un succès! Abou Bacar pouvait remballer ces petits trésors avec un large sourire. Demain il sera à Bologne, et le jour après à Rome. Et après un dernier détour par Paris, il retournera enfin auprès des siens. Mais n’est-ce pas là la vraie vie du touareg, encore et toujours en mouvement?