En s’approchant à la fin des vendanges 2024 en Europe, j’ai pensé de traduire et reformuler une analyse approfondie de la production viticole de l’année 2023 en Italie que j’ai trouvé dans la newsletter The Digital Wine, spécialisée dans l’actualité du secteur Food & Beverage, avec un accent particulier sur les nouvelles technologies, la WineTech et l’AgriTech. Ça pourrait peut être aider les acheteurs internationaux dans leur choix commerciaux et négociations.
Bilan de la production et du marché en 2023
D’après le rapport de Mediobanca, la production mondiale de vin a subi un ralentissement considérable au cours du premier semestre 2023. Ce phénomène a particulièrement touché trois des principaux importateurs de vin italien : les États-Unis, le Royaume-Uni et l’Allemagne, qui affichent une baisse de 4,3 % de leurs achats, soit près de 14 milliards d’euros en moins. Cette tendance négative devrait se poursuivre, voire s’aggraver, au second semestre selon l’Union Italienne des Vins (UIV). L’Allemagne reste cependant une exception avec une légère hausse des ventes de vins italiens, notamment grâce à l’essor des vins mousseux à bas prix, qui séduisent de plus en plus les consommateurs allemands.
Une baisse de la production : Enjeux et perspectives
En 2023, la production de vin a atteint 38,3 millions d’hectolitres, soit une chute de plus de 23 % par rapport à 2022, selon les estimations de l’Organisation Internationale de la Vigne et du Vin (OIV). Cette baisse est attribuable à des conditions météorologiques défavorables : peu de précipitations et des épisodes de grêle, la dernière ayant eu lieu en Franciacorta, menaçant sérieusement la récolte. Le printemps pluvieux, suivi par une sécheresse persistante dans le sud de l’Italie, a également exacerbé les difficultés.
Malgré cette baisse de volume, la valeur des ventes reste solide, atteignant 12 milliards d’euros, dont 7 milliards proviennent des exportations. Les vins blancs continuent de dominer, représentant 62 % de la production, portés par les performances des vins mousseux, qui comptent pour 18 % du total. Les rosés, bien que de plus en plus appréciés pour leur qualité, peinent à dépasser 3 % de la production.
Consommation et exportation : Tendances du marché
Le marché italien a également connu une baisse de la consommation de vin. En trois ans, 2 millions d’hectolitres de vin en moins ont été consommés, avec une consommation moyenne par habitant tombée à 37 litres par an. Cette diminution s’explique en partie par des changements démographiques, les jeunes générations consommant beaucoup moins de vin. En revanche, la consommation de bière est en hausse, atteignant 36 litres par habitant, surtout parmi les jeunes.
Sur l’ensemble du vin produit en Italie, 43 % est consommé localement, 46 % est exporté, et 11 % est destiné à des usages industriels (distillation, vinaigre, etc.). Bien que les exportations vers les États-Unis et l’Asie aient diminué (respectivement -6 % et -12,1 %), l’Italie conserve un bilan commercial positif, avec une croissance de 5,5 % sur l’année. L’Allemagne reste le marché le plus dynamique pour les exportations italiennes, enregistrant une hausse de 9 % en volume par rapport à 2022.
Réflexions sur la stratégie viticole
Lamberto Frescobaldi, président de l’UIV, prône une réduction des rendements pour s’adapter à la baisse de la consommation. Il met également en avant l’importance d’une meilleure analyse des marchés et des consommateurs pour optimiser la production. En effet, il est préférable de produire moins mais mieux, plutôt que de remplir des caves sans pouvoir écouler les stocks. Cette approche s’est traduite par une diminution des stocks de vin, passant de 64,9 millions d’hectolitres en 2022 à 59 millions en 2023, une baisse de près de 9 %. D’ici la fin de l’année 2024, les réserves pourraient encore baisser à 53,2 millions d’hectolitres.
Le Prosecco : Une success story italienne
Malgré le contexte difficile, le secteur des vins mousseux, en particulier le Prosecco, continue de bien se porter. En juillet 2024, plus de 500 000 hectolitres de Prosecco avaient été mis en bouteille, marquant une hausse de 12,6 % par rapport à l’année précédente. Les États-Unis et le Royaume-Uni restent les principaux marchés pour le Prosecco, bien que les ventes aux États-Unis aient baissé de 10 %, tandis qu’elles ont augmenté de 11 % au Royaume-Uni.
Conclusion
L’année 2023 a été marquée par une baisse significative de la production viticole, en partie due aux conditions climatiques difficiles. Cependant, le secteur conserve un bilan commercial positif, notamment grâce aux exportations et à la popularité croissante des vins mousseux comme le Prosecco. La stratégie de réduction des rendements et de concentration sur la qualité semble être la voie à suivre pour maintenir la compétitivité du vin italien sur le marché mondial.

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